Les postures de yoga peuvent elles concourir à ouvrir mon cœur ?

Une qualité d’être

Le cœur ouvert relève d’une qualité d’être, les postures peuvent apporter leur concours au développement de cette qualité.

Une posture comme le héros mythologique Virabhadra, qui ouvre la cage thoracique, peut développer plus de confiance en soi et, à l’excès, plus d’arrogance. Mais le cœur est surtout lié à ma sagesse profonde, au sentiment, à la capacité de ressentir, de recevoir et de donner. Il est lié à « qui je suis ». Je touche ma poitrine pour dire « moi », pour manifester un sentiment d’amitié, d’amour, de reconnaissance ou simplement dire que je suis touché.

L’amour

Je suis tenté d’assimiler la qualité de cœur avec le cœur organe. L’organe bat fidèlement toute la vie, il se donne à son rôle de façon inconditionnelle, tout comme l’amour qui se donne généreusement. Cette puissance de vie m’ouvre au meilleur de moi-même en relation avec mon environnement.

Le souci de bien faire

Le cœur organe repose sur le diaphragme, un peu comme sur un hamac. Il est donc bercé, rythmé par la respiration et tous les mouvements du diaphragme. Quand ce dernier est stressé pour mille et une raisons possibles, (digestion, émotion, mal position, souci) il est inconfortable, il souffre. Le souci de bien faire nuit au diaphragme ; en l’obligeant à devenir support de mon effort, il se contracte. Cela serre le cœur. Le sentiment de paix et de générosité devient alors difficile.

La mythologie

Une histoire mythologique Indoue raconte que Vishnou qui symbolise la paix, la stabilité et l’ordre du monde, repose sur les anneaux lovés du serpent cosmique Adishesha, un immense cobra royal. Le haut de son corps est dressé et sa tête porte le monde.

Ce symbole nous enseigne ce que tend à être une posture de yoga : confortable, relaxée et en même temps stable et tonique. C’est un double support : espace intérieur libre et ouverture au monde. C’est aussi un beau défi à relever pour que Vishnou, la paix, se sente accueilli ! Le cœur trouve alors sa place.

L’espace intérieur

Les postures de yoga concourent à libérer la relation entre le diaphragme, le cœur, et la cage thoracique. En fait en y regardant bien, toutes les parties du corps sont en interactions permanentes les unes avec les autres, donc l’ouverture de l’espace intérieur sollicite tout le corps.

Le chakra

Au niveau du cœur se trouve aussi Anahata, le chakra du cœur. C’est un grand carrefour de toutes les fonctions de l’être. Lui aussi à besoin d’ouverture si je veux vivre les qualités de cœur que sont l’amour, la tendresse, le don et l’accueil, la gratitude, la bienveillance, la méditation, la contemplation et la joie. Les jeux de pouvoir, de comparaison et de séduction enferment le cœur.

La tradition du yoga enseigne qu’au milieu du corps, près du cœur justement se trouve une dimension qui nous précède et nous dépasse, une dimension divine. Le salut Namasté signifie : je reconnais et j’honore cet endroit sacré en toi et le même en moi. En cet endroit nous sommes en harmonie.

Recevoir et donner

Apprendre à recevoir me semble être le tout premier pas à faire pour ouvrir le cœur. Comment offrir sinon ? Comment donner si je ne sais pas recevoir ? Comment accéder à la gratitude si je ne reçois pas ?

C’est un sacré défi n’est-ce pas, d’aller trouver en soi ce qu’on n’a pas reçu, d’aller chercher cette énergie d’amour, cette ouverture à la vie. Oui, toutes les ressources nécessaires sont en nous depuis la naissance. Quelle surprise de découvrir que si je m’ouvre, soudain je reçois. Et alors c’est la fête dans ma poitrine, dans mes chakras. J’aime et j’ai envie d’offrir cette fête.

Prana et Apana

Alors oui, les postures vont m’aider si, en les vivant, je fais en sorte que mon inspiration se donne à mon expiration et que celle-ci, à son tour, laisse toute la place pour l’inspiration qui suit. Donner et recevoir se vivent sans relâche au cœur de nous même. C’est l’art du yoga ! Permettre une relation d’amour entre ces deux expressions de la vie nommées Prana et Apana. Cette qualité va automatiquement se vivre aussi dans ma relation au monde.

Le Yoga

Voilà, le yoga est tout autant relaxation, posture stable et libre, respiration consciente, méditation, contemplation et joie.

 » L’amour, dit-on, est comme Dieu. On ne le voit pas, on le sent. Il entre dans le cœur des êtres, fragile, impalpable, et pourtant, que peuvent richesses et pouvoir contre le chant muet des roses ou des fleurs mauves au bord des champs ? On ne peut ordonner au parfum de se taire. Les rois ne sentent pas cela. « 

(Henri Gougaud, La clé des cœurs)