Annecy & Rumilly - Haute-Savoie
+33 (0)6 61 58 90 49

Le regard du prof

Le regard du prof

Plusieurs regards

Il est parfois gênant de me sentir vu(e) par le professeur pendant l’exécution des postures et exercices de yoga. Cela peut exposer une part de moi que je voudrais plutôt garder discrète, parce qu’elle est intime ou que je ne l’aime pas ou encore si je crains de ne pas « faire bien » ! Je risque alors de vouloir tellement m’appliquer à faire ce que j’ai compris que je ne suis plus en lien avec moi même et ça me rend crispé ou désorienté.

Le souci de « bien faire » restreint fortement la liberté du diaphragme qui se voit obligé d’être porteur de mon souci. Il peine à coordonner le souffle et le mouvement du corps.

Je peux aussi parfois me demander si je suis juste quand le professeur ne me dit rien, s’il ne me donne pas d’indications personnelles ou si à contrario il m’en donne trop.

En fait il y a plusieurs regards, celui du professeur, celui que j’imagine qu’il pourrait avoir, celui des personnes qui pratiquent à côté de moi, celui que j’imagine qu’elles ont, et enfin et surtout le mien si intransigeant. Il est donc normal que je me sente exposé(e) et peut-être même vulnérable. Cela peut rendre mon geste hésitant ou maladroit.

L’équilibre

En mettant mon corps en mouvement je le montre tel qu’il est au présent avec sa forme et ses émotions présentes ou dormantes. Ma posture est donc l’expression de mon corps avec ce qu’il est, ce qu’il contient et ce qu’il retient. Tout ce que je retiens, consciemment ou non, influence le mouvement ou l’équilibre.

Émerveillement

En définitive le regard le plus difficile à soutenir c’est le mien car il n’y a pas pire juge que moi-même sur moi-même. Je me trouve trop comme ceci, pas assez comme cela, je suis comme ci, je voudrais être comme ça… ! L’acceptation, pleine et entière en conscience de ce que je suis, reste souvent malaisée. En conséquence il m’est difficile de concevoir que le regard des autres puisse être bienveillant, sans jugement et simplement accompagnant de ma propre réalité telle qu’elle est. Et pourtant si je regarde la beauté de la vie qui s’exprime à travers mon corps, mes sens, mon esprit ou mes sentiments, je ne peux que m’émerveiller. Il suffit d’avoir à porter des lunettes par exemple pour se rendre compte du bonheur de voir. En moi-même sont des trésors incroyables, des particularités étonnantes que j’exprime de multiples manières.

Liberté

Ainsi plus je deviens autonome dans le fait de m’aimer comme je suis, de reconnaître mes besoins, d’en prendre soin et plus je suis en mesure d’être bon compagnon pour moi-même. Et du coup le regard de l’autre devient neutre et mes mouvements libres et aisés. Le regard du professeur est aidant s’il est bienveillant car cela m’aide à rester naturel.

Comme un diamant

Ainsi, au delà de la souplesse ou du savoir faire, le yoga sollicite la présence d’une grande qualité de lâcher-prise dans le regard que je me porte et avec lequel je regarde autrui. L’art du yoga n’est-il pas l’art de rendre le mental clair comme un diamant c’est à dire qui ne déforme pas la perception ? Un mental clair permet d’être en cohérence avec soi-même et avec le monde. Ceci pour être de plus en plus proche du Soi, notre témoin intérieur, notre vraie sagesse profonde. Paradoxalement plus je suis capable de me voir tel que je suis, avec bienveillance et moins je suis identifié à mon personnage superficiel et moins « je me prends la tête ». Ce mouvement vers un Soi plus authentique m’offre de plus en plus de liberté d’être ce que je suis, comme je suis, d’aimer et d’être aimé.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.